La Tour Civique à Ravenne, Ravenne dantesque

Érigée au XIIe siècle, on l'appela initialement "dei beccai", les bouchers qui dans cette zone tenaient leurs boutiques, près du pont Marino.

Une route qui  rappelle la présence de cet antique pont qui traversait le cours du Padenna, le principal canal qui passait à l'intérieur des murs de la Ravenne médiévale.

La tour se détachait parmi les nombreuses tours qui furent dressées en ville à partir de l‘an Mille, construites par la classe nobiliaire comme symbole de pouvoir et de prestige social. À la fin du XIIIe siècle toutes les tours et les forteresses privées furent démolies à la demande du recteur pontifical, pour sanctionner le contrôle de Ravenne de la part de l'autorité.

Seule cette tour survécut, étant donné qu'elle était entretemps passée à la Commune. Avec ses 39 mètres, parmi toutes elle était la plus haute et là-haut, pendant des siècles, des gardes se relayèrent avec pour but de sonner la cloche en cas d'alarme, incendies ou inondations, et pour convoquer le Conseil communal.

La tour pend d'une façon évidente. Le lent éboulement souterrain du terrain en direction du proche Padenna a provoqué sa progressive inclinaison, au point qu'en l'an 2000 une partie du sommet fut enlevée, étant donné qu'elle risquait de s'écrouler. Restent à la base deux curieux fragments en pierre: une tête, peut-être de femme, insérée dans une niche et, à coté, un chevalier qui lui tourne le dos.

La scène, depuis des temps immémoriaux, a aiguisé la fantaisie des Ravennates, qui en ont tiré un dicton, "cercar Mariola per Ravenna". Que l'on dit de quelqu'un qui cherche sans trouver quelque chose qui en réalité est proche, bien en vue : comme le chevalier de la tour avec la sa Mariola.

Le dicton a eu beaucoup de chance, même littéraire. Dans la première moitié du XIVe siècle il apparaît dans un vers de
L' Acerba de Cecco d'Ascoli: "Maria si va cercando per Ravenna/chi in donna crede che sia intelletto", qui signifie chercher quelque chose que l'on ne peut trouver. Et même Cervantes, trois siècles après, dans le Don Chisciotte compare le "buscar a Marica por Ravena" avec le "buscar al bachiller en Salamanca", c'est-à-dire chercher ce qui est escompté : comme un lauréat dans la première ville universitaire d'Espagne.

Prof. Gianni Morelli

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